đź’Ą Tiendrez-vous le rythme jusqu'en 2032 ?
Imaginez : en 2032, les indépendants sont devenus des producteurs de contenu. Le café en spray pour tenir, le boucher qui parle en mots clés… On ne vend presque plus : on publie… Et pourtant…


đź’Ą Tiendrez-vous le rythme jusqu'en 2032 ?
Le jour où tout a basculé
Tout a commencé le jour où on a dit aux indépendants :
“Allez, soyez visibles ! Faites votre com’ : vos photos, vos vidéos, vos slogans, vos posts, vos reels, vos pubs, vos jingles, vos logos, vos montages vidéo… Et n’oubliez pas le SEO et la maîtrise de l’IA ! C’est facile, il suffit de rester chez vous, d’y croire et de créer toujours plus de contenu.”
Depuis, la planète tourne sur le mode auto-promotion, comme un vieux ventilateur branché sur un générateur de folie créative.
Bienvenue en 2032 : le règne du contenu permanent
Imaginez… Nous sommes en 2032.
Les commerçants n’avalent plus le café pour tenir, ils l’inhalent en spray. Les vitrines sont vides, mais les comptes Instagram débordent de “contenus” en tous genres.
La coiffeuse, elle, s’arrache littéralement les cheveux : ses clients ne viennent plus pour être coiffés, mais pour figurer dans ses tutos “avant-après”.
Le boucher ne parle plus qu’en langage SEO : “Steak haché 500 mots-clés, taux de clic garanti !”. Il est devenu un vrai (mauvais) community manager.
Le coach a troqué son calepin pour la caméra. Il filme son vingtième Reel de la journée : “Comment défaire le nœud de cravate qui vous empêche de respirer ?” Le nœud, il l’a surtout dans l’estomac, mais la vidéo fait quelques vues, alors il recommence…
Quant au pharmacien, il s’est fait doubler par son chatbot IA, qui renvoie à tous ses clients : “Filez chez Amazon, prenez deux comprimés et partagez deux stories.”
On ne vend plus, on publie
Ainsi, tout ce petit monde continue de poster, liker, repartager.
Les mots changent :
“Production” devient “présence”,
“Fatigue” devient “passion”,
“Épuisement” devient “engagement”.
On ne travaille plus, on crée du “lien” ; on ne vit plus, on partage un “moment”.
Les nouveaux maux des temps modernes
Mais la science, elle, veille. Les médecins ont en effet réussi à mettre un nom sur les nouveaux maux : le syndrome du Reel raté, le burnout Canva (on rapporte qu’une commerçante a passé sept heures d’angoisse face à sa palette de couleurs ) et l’allergie à l’algorithme.
Le monde, en 2032, ressemble à une immense salle d’attente où tout le monde supplie : “Regardez-moi !”.
Et Mourad, le boulanger, de se dire : “À quoi bon vendre du pain, si je dois vendre des stories ?”


Et pourtant, un souffle d’air frais
Alors oui, l’épidémie de burnite aiguë fait des ravages en 2032. Mais au-dessus du flux, il restera toujours un petit air frais : celui de ceux qui créent encore pour le plaisir, pour l’harmonie entre le fond et la forme. Ceux qui soignent leurs projets rien que pour leurs chers clients, et auront toujours un geste sincère pour eux, car ils leur ressemblent.
Ceux-là , on les reconnaît : ils postent peu, mais quand ils respirent, on dirait que d’autres respirent avec eux.
Avant de cliquer sur “Publier”…
Alors, avant de cliquer sur Publier ce week-end, oubliez un peu les algorithmes, fermez vos trente-six onglets, votre pomodoro, et respirez… juste un peu d’air.
Illustrations créées avec l'aide de Freepik IA.